Silence, ils dorment !

Le cimetière d'Olsany (Olšanské hřbitový) n'est pas un endroit morbide et froid comme on pourrait l'imaginer à première vue. Je n'ai rien d'une gothique, croque la vie à pleines dents et ne suis pas dépressive non plus, mais j'apprécie l'architecture, l'histoire, le patrimoine culturel et tout ce dont on peut m'offrir dans ces catégories en dehors des sentiers battus.

Et ce cimetière en possède tous les critères. Mis en place au 17ème siècle pour faire face au nombre important de décès suite à l'épidémie de peste, le cimetière d'Olsany est le plus grand de République tchèque. Mais ce n'est pas tant ça qui attirait mon intérêt sinon sa date de création ; 1680... tout bâtiment aussi vieux ne vous ferait-il pas rêver, son histoire transpirant par toutes les jointures ? Et que diriez-vous d'un monument historique se construisant de 1680 jusqu'à aujourd'hui ? Un trésor d'architecture, un patrimoine énorme que l'on se doit de conserver ! C'est ce qu'est pour moi le cimetière d'Olsany. Je rajouterais également un véritable bijou pour mon appareil photo.

Vous ne serez donc pas étonné que j'y ai passé deux heures, arpentant les allées et que j'espère y retourner.

La nature prend doucement le dessus, recouvrant les pierres tombales de lierre et de lichen. Les guerres, les vandales et les pilleurs ont fait leur effet. Certaines pierres ont disparu et le cercueil avec, laissant un trou béant. Certains caveaux sont à vendre, ce qui m'amène à me poser plusieurs questions.

Et les réponses, je les trouve finalement sur ce site (pour les anglophones) : StonePics. Les caveaux, même plus anciens, n'ont jamais été vendus éternellement mais sont loués ou achetés pour un certain temps par les membres toujours en vie de la famille. C'est ainsi que les personnes ne souhaitant plus les louer ou n'ayant plus les moyens, peuvent vendre/laisser leur caveau. De ce fait, on trouve énormément de plaques rajoutées sur des caveaux, recouvrant le nom des possesseurs précédents. J'avoue... je n'aime pas trop cette idée, mais je suppose que quand on n'a pas le choix, on n'a pas le choix !

En ce promenant de droite et de gauche, on peut croiser énormément de tombes de types art nouveau, d'autres bien plus vieilles un peu rouillées et sur le point de s'affaisser, des petits médaillons, une calligraphie appliquée... tout ceci d'un temps révolu.

Ici et là, les tombes sont parées de petites bougies rouges ou d'anciens petits sapins de Noêl, la tradition voulant que pour les fêtes de fin d'année, toute la famille se déplace et allume une bougie sur la tombe des défunts.

Rien de très gai me direz-vous. Et pourtant, je n'aspirais qu'à sautiller gaiement de plaque en plaque, observer l'architecture, prendre des photos, un petit coup d'oeil aux noms (pas mal de germaniques) et m'extasier devant les petits portraits ou l'écriture partiellement effacée. De nuit, j'aurais certainement moins fait la fière. Car c'est bien cela, j'étais fière, fière de redonner vie en quelque sorte à toutes ces personnes, ces architectes et à l'Histoire. Aaaah l'Histoire.

Rappelez-moi, pourquoi j'étudie l'anglais déjà ?