Un ange passe... où ça ??

Les jolies colonies de vacances...

Heureux sont les enfants qui y vont, tristes sont ceux qui en repartent.
Heureux sont les anims qui y vont, heureux sont ceux qui en repartent.
Presque.

Mais soit, commençons par le commencement, les classes de neige à l'Alpes du Grand Serre (qui viendrait soit dit en passant de la traduction espagnole de montagne, d'où le masculin, merci Alexia).
En colo, on apprend des trucs, mais alors en classes de neige, on apprend plein de choses ! Et ça, c'est trop d'la bombe de balle, parce qu'on se retrouve finalement comme un enfant parmi les enfants.

Il est en effet nécessaire de faire la distinction entre colonie et classe transplantée, on me l'a assez répété, "Non, ce n'est pas une colo, c'est une classe!".
Tout d'abord, point de vue encadrement. Il y a l'instituteur en plus, ce qui est à la fois un soutien et un poids. Eh oui... l'instituteur doit être mis au courant de nos moindres faits et gestes concernant les enfants. cela implique donc de poser la question avant de faire quoi que ce soit "Thomas saigne. je peux lui mettre un pansement ?". Oui, on est un peu des assistés. Ou des assistants. En cas de problème d'autorité, il y a toujours la possibilité de l'instituteur "je verrai tes parents en rentrant" gnark gnark gnark !
Et puis ça permet également d'en apprendre beaucoup plus sur chaque enfant, sur sa famille, son environnement et de tisser des liens finalement plus forts... on s'y attache à ces p'tites bêtes.

Mélo
Puis, du point de vue de l'encadrant, l'animateur, le moniteur, l'anim, le mono... le glandeur quoi. Les animations doivent souvent plus être axés sur la pédagogie, disons plus qu'en colonie. Les enfants sont avant tout là pour apprendre, d'une manière différente. A nous le dévorage de livres sur la reconnaissance des empreintes, les massifs montagneux et la vie des bergers ! Sans oublier l'histoire du ski et la chasse au dahuts, de grands classiques...
C'est aussi plus cool "ouais je les prends toute la matinée en classe donc j'ai pas besoin de toi tu peux préparer tes animations". oh YEEES DODO !! euuh dis tu veux pas les prendre en temps de classe demain et après-demain aussi ?
Et plus instructif : "sortie au musée de la mine et à la bergerie aujourd'hui". Ou comment se mettre à chouchouter des agneaux "attends tu le portes mal je vais te montrer. Puis faut les caresser comme ça aussi et leur dire des mots doux à l'oreille oh mon pitit agneau oh ouiiii t'es mignon gouzigouzigouzi hein ? quoi ? tu veux porter l'agneau ? t'es sûr ? Tu vas y arriver ? tu veux pas que je t'aide ?"
Enfin, il reste à occuper les soirées et les temps calmes : "temps calme tout le monde dans les chambres je veux rien entendre on dort tous...zzzzzzzzzzzzzzzzz" "allez ce soir c'est la boum les gars tout le monde daaaaanse alleeeeeeez youhouuuuuuuuu oh yeaaaaaaaah sisiiiiiiii !!".

Oui vraiment, être animateur de classe transplanté, c'est très difficile !
Bon mais descendons de notre petit nuage, et parlons maths. lever 7h, coucher...1h30-2h00 22h30 -2h00 : réu + préparation des animations pour la journée du lendemain. Eh oui, ça se prépare... Bon et 5ème repas aussi bien sûr, faut pas rêver, on ne fait pas QUE travailler.
Réveillé à 6h15 par des gamins qui courent dans le couloir, commencer sa journée képi vissé sur le crâne. Mmh un vrai bonheur!
Répéter 5 fois par jour que "oui maman t'aime très fort et quand tu la reverras, t'auras tout pleiiiiin de choses super à lui raconter !"
Changer les draps mouillés d'urine, répéter 64 fois "on se lave avec du SAVON! Il est où ton savon?" et "n'oublies pas de te brosser les dents" et 32 fois "non pas de ballerines pour aller dans la neige ! Mets tes après skis".

Alors disque rayé, enseignant, maman, infirmière, nounou, clown, pirate ou bien princesse, conteur, gendarme, pédagogue... c'est bien d'un seul métier dont nous parlons : animateur.
Remercions donc le gouvernement pour le geste qu'il fait dans nos salaires... oui, en effet... notre employeur peut, s'il le souhaite... considérer que nous ne travaillons que 2 heures par jour, payées au Smig... 15€ par jour. BRAVO !! Heureusement que les animateurs sont aussi passionnés et motivés et les directeurs conscients du travail fourni (15€ par jour, je n'ai encore jamais vu... 24€ brut, c'est très courant en revanche)!

Avec autant de bruits, activités, visages et voix en tête, il est souvent bien difficile de revenir à sa chambre vide et silencieuse, de reprendre une vie qui semble bien plate et asociale. Le seul que nous sommes contents de retrouver, c'est notre lit ! Pour 24h d'affilée minimum !

Pour la peine, voici les petites phrases des têtes blondes -et moins blondes- qui ont été notées

Abigaëlle : J'avais 4 amoureux mais j'en ai plus qu'un
Mélodie : Ah pourquoi ?
Abigaëlle : Parce que Michaël Jackson il est mort

Wissam, remontant une pente enneigée pour aller faire de la luge : C'est dur de souffrir pour jouer.

Alors que notre directrice annonce aux enfants qu'ils auront chien de traîneaux le lendemain matin : Daryl : Oh non pitité laissez-nous dormir svp !

Avec une classe de petits parisiens :
Moi : C'est à gauche!
Les enfants, perplexes : C'est quoi à gache ?
C'est ça... d'être la seule à venir du Sud... (j'ai la même avec un(e) polaire...)

Un petit, spontanément : Ma maman elle a un amoureux, il habite en bas de la rue et il s'appelle Christian.

Un petit, réagissant au fait qu'un des animateurs soit en congés : Ca sert à quoi les jours de congés ? C'est QUE pour dormir TOUTE la journée!

Morgane : Moi, j'ai deux oiseaux : un rouge-gorge et un piaf.

Morgane, très en forme ce jour là, après que je lui ai demandé comment s'appelle sa sœur : Je l'appelle pas.

Visite d'une mine, la guide demande aux enfants : Quels animaux vivent dans la mine ?
un enfant : Les rênes !

Lors d'un quizz : Anim : Quelle est la capitale de l'Espagne ? Un peu d'aide : Le Real de M.....
Emma : MARSEILLE !

Anim : Il reste deux fraises.
Zouhour : C'est quoi defrèse ?

Anim : Est-ce que vous êtes prêts ?
Paul : Moi j'suis en train d'être prêt !

Et celle qui m'aura mis les larmes aux yeux :
Nouh (à prononcer Nord) : pff je veux pas rentrer ! C'est trop nul la cité ça craint je veux retourner à la montagne !
Moi : Bah t'inquiètes, tu t'en sortiras.
Nouh : oui, je m'en sortirai comme toi !

Après d'autres classes, d'autres anecdotes, la reprise de confiance en moi (ça faisait deux ans que je n'avais plus fait d'animation) et la découverte de mon nouveau moi -Yelle oh yeah parle à ma main ! P.I. : pas intéressée !-, voici... tadam! Comment Sophie cassa un enfant...

Stage de ski, encadrement de l'activité ski par des E.S.F 2h par jour et par les animateurs le reste de la journée. je prends les 2ème étoiles, première fois que j'ai un groupe à moi toute seule -je prenais auparavant mes marques dans la station- toute fière, mon groupe tourne bien, j'ai néanmoins une petite qui a peur du grand tire-fesses, peur que je me suis donnée pour mission d'éliminer, ayant moi-même peur de ces engins là étant gosse.

Elodie est maintenant bien motivée à effacer cette frayeur, je lui prends ses bâtons et nous montons tous. Pauline tombe. C'est pas grave cocotte, c'est à cause du virage, bouge pas on vient te chercher. Elodie n'a plus peur du télé-ski, mission accomplie. Au passage, je récupère une petite du même âge et même niveau que mon groupe, dont la maman est restée avec la petite soeur tombée en bas. En route belle troupe sur une jolie bleue, nous allons chercher Pauline.
La voilà, à 50m au-dessus du tire-fesse où je laisse mes enfants, bien décidés à reprendre le grand tire-fesse une fois Pauline redescendue.
Voila Pauline récupérée, puis Pauline suivant Sophie doucement, puis Pauline tombant en avant, puis Pauline criant, puis Sophie heureusement juste à côté d'elle déchaussant en 3 sec ses deux fixations alors que ses pieds sont trop emmêlés pour être beaux. Heureusement, Pauline est courageuse, et Sophie a bon espoir "ça va ? Eh bah alors, c'est dommage tu as très bien skié jusqu'à maintenant. Ca te fait mal ? tu vas pouvoir redescendre en ski?" Pauline est déçue de devoir arrêter le ski, elle ne pleure plus, mais elle a trop mal pour descendre à ski ou même pour marcher.  Le local à skis et centre de secours est à 50 m, juste au-dessus du grand télé-siège. hop, je descends les skis de Pauline aux enfants, leur ordonne de partir devant au local à skis, de toute manière, il est 11h30, trop tard pour une autre descente. Pauline dans les bras, je monte ces 50 mètres qui nous séparent du local et du directeur.

Le directeur, lui, ne se fait pas trop de soucis. Pauline a mal à l'intérieur de sa chaussure de ski, qui est trop solide pour qu'il puisse y avoir une grosse blessure. Mais je connais Pauline, c'est une de mes enfants les plus calmes et adorables. Le directeur l'emmènera au cabinet médical après manger. En attendant, elle va redescendre au chalet avec les autres, quand elle aura remis ses après-skis.

Le soir, alors que je revois le directeur, le verdict me tombe dessus, comme une sentence : fracture du tibia, Pauline est plâtrée de la cuisse au bout des orteils. Malgré le soutien et les mots doux des autres anims, je m'en veux énormément et suis inconsolable : j'ai cassé Pauline. Pauline qui elle, ne m'en veut pas, et rit même avec moi le soir, lorsque je l'habille et l'emmène aux toilettes. C'est triste, mais tant pis, elle reviendra l'an prochain, c'est promis.

Comments

[salma]

slt je besoin d'aide ; j'habite au Maroc et je suis sans travail; je veux travailler comme babysitter ou garde d'enfant soit en chine ou South Korea ;
svp tu peux me dire comment faire pour réalisée mon but (tu peu dire mon rêve); vraiment j besoin de ça merci d'avance
voila mon e-mail : good-mademoiselle@hotmail.fr

[Bubulle]

Mais ce n'est pas de ta faute si la petiote elle est tombée et s'est cassée en deux! t'as pas à culpabiliser...

De lire ton article, ca donne envie de refaire de l'animation, de la vraie, en colo, en camps, faire des activités et tout ca... Y a que le salaire qui fasse pas rêver, mais ca, ce n'est pas nouveau!