I lloooove English !
Ou pas...
C'est ce que les pré-ados de Fontenay auraient pu répondre. Mais j'ai assez d'esprit -ou plutôt je ne suis pas assez masochiste- pour ne pas leur avoir posé la question !
Comment ça s'est passé ? Voyez-vous... je me suis souvent imaginer morte laissée seule dans la fausse aux lions ou dans le parc à crocodiles, au choix parmi tant d'autres propositions, mais c'est finalement au milieu de chimpanzés inoffensifs que je me suis retrouvée -en hommage à leur incapacité à rester en place plus de 2 min d'affilée... après tout, ils étaient en vacances-.
It was slammin' !
Et encore plus pour les jeunes que pour nous ! Il faut bien le dire... c'était assez fatigant pour nous. Mais il y a 2 versions... les cours d'anglais, et le reste de la colo. commençons par ce qui m'intéressait le plus ; les cours d'anglais.
Les cours d'anglais
Nous avons commencé par départager les jeunes en deux groupes mixtes et égaux en nombre, suivant le niveau des enfants. Nous avons donc eu la chance d'après les résultats aux tests, de ne pas avoir à se poser la question sur le niveau de tel ou tel ado. J'ai pris le groupe de ceux qui avaient le plus de difficultés -et malheureusement, un peu beaucoup les plus dissipés par la même- et Abou, le groupe de ceux qui s'en sortaient le mieux.
Bon, je vais vous la faire en raccourci... Abou devait également préparer son master, je me suis donc principalement occupée de la préparation des cours, après tout, j'étais à 300% motivée pour donner le meilleur de moi-même lors de cette première expérience test. Le programme que j'avais prévu d'après l'emploi du temps de l'année d'avant s'est rapidement démontré Beaucoup trop chargé au vu du niveau des enfants et du temps qui nous était imparti.
Nous est donc resté deux thèmes : Food and Environment. Food parce que j'avais prévu des recettes et pourquoi pas la possibilité de cuisiner des cookies ensemble, et également car ce thème reste un thème très français avec des expressions qui se retrouvent en anglais, et que je voulais vraiment leur montrer que l'anglais... c'est pas si difficile que ça si on réfléchit à l'anglaise. et Environment, parce que c'était également le thème de la colo. Nous étions, je le rappelle, au Grand Bornand, station de ski à la montagne, dans un super chalet qui sensibilisait les enfants au tri ainsi qu'au gaspillage (chaque soir 2 jeunes mangeaient avec les membres du service, nous servaient, débarrassaient etc), un bon moyen donc de faire le lien entre leurs activités et leurs cours d'anglais.
Mise en place d'un grand panneau pour traduire chaque jour les menus à table, étude de la recette des cookies puis, préparation de cookies. Dégustation de pop corn à éclater nous-mêmes, vrai brunch anglais le dimanche matin...
Préparation de chaque activité à l'avance en anglais avec tracts à l'appui,apprentissage du vocabulaire spécifique à travers divers jeux papiers et actifs et généralement présence d'un intervenant anglais sur l'activité de l'aprém pour pouvoir les faire pratiquer sur le terrain...
Mais ce qui me tenait le plus à cœur, c'était le Day to day journal que j'avais prévu de les faire tenir et qui a marché du tonnerre !
Le principe est simple... sortir des sentiers battus des méthodes académiques et les faire réfléchir par eux même à l'écrit, en anglais. Mais pour cela, il fallait un but, leur donner ce désir-là, d'où l'idée du journal de bord. 1h par jour (parfois 1h30) était dédiée à la rédaction du journal, et ils en redemandaient. C'était le moyen pour eux de me demander du vocabulaire en anglais, que je les corrige, puis qu'ils rédigent, et pour moi de leur faire revoir des points de grammaire de manière inaperçue. Utilisation journalière de prétérit bien sûr puisqu'ils rédigeaient leur journée de la veille, révision des verbes irréguliers, des adverbes, du vocabulaire utilisé fréquemment... J'avais apporté des papiers cadeaux (recyclage -->environment :p), des ciseaux cranteurs et des perceuses de différentes formes, et rapidement, bien qu'âgés de 13-15ans, ils ont joué le jeu. Quoique plutôt réticent le premier jour à la rédaction ET à la décoration, je n'ai rapidement plus pu les décoller de leur cahier... et des paillettes par-ci et du vocabulaire par-là... Rapidement, le résumé d'une phrase s'est transformé en trois-quatre phrases. Pas grand chose, mais assez pour les satisfaire et moi aussi par la même occasion en voyant qu'ils faisaient de moins en moins de fautes.
Et puis, c'était aussi pour eux pouvoir s'échanger des petits mots en anglais, dessiner, s'exprimer comme ils le souhaitaient (dans la langue de Shakespeare toujours)... j'ai pu leur faire développer trois photos chacun et je ne vous explique pas leur degré de ravissement !
Nous avons aussi pu regarder un film au 3/4 du séjour, en anglais sous-titré anglais (tout simplement comme je leur ai expliqué, pour la bonne raison que lorsque l'on ne parle pas beaucoup anglais et que l'on regarde un film en VO sous-titré français... on se concentre rapidement uniquement sur les sous-titres, et pour lire... on ferme bien entendu ses oreilles à tout autre bruit, y compris le dialogue anglais). Pour cela, j'avais choisi et amené un film de ma dvdthèque personnelle, qui, j'en étais sûre, leur plairait : Save the last dance. Et ça n'y a pas loupé ! Ils étaient tous à fond, bien que tout soit en anglais, et ne cessaient d'en parler entre eux. ils étaient attentifs et silencieux et écoutaient mes explications en anglais très simplifié lorsqu'un dialogue avait lieu et qu'ils ne comprenaient pas. Mon but était de leur montrer que même avec un vocabulaire moindre, on est capable de comprendre et de se faire comprendre. Ici grâce aux sous-titres mais surtout aux images et intonations de la voix.
Pour ceux qui ne connaissent pas ce film, il traite du racisme, de la drogue, des gangs à Chicago, des différences de société, et du regard des autres. Cela à travers l'histoire -qui pourrait être cul-cul sans tous ces thèmes- d'une fille blanche de la haute venue vivre dans les quartiers plus pauvres de Chicago tombant ainsi amoureuse d'un lycéen noir des "bas quartiers". Elle rêve d'être danseuse étoile, lui danse le hip-hop.
Ravie donc au niveau de mes cours d'anglais. j'ai appris énormément, fait des erreurs que je ne commettrai plus (comme le programme trop chargé à la base)... Bien sûr, un peu déçue qu'ils aient été aussi indisciplinés ce qui nous a retenu énormément, devant toujours réexpliquer, remettre de l'ordre dans la classe, punir, changer de place... on a passé 3h à étudier la recette alors qu'en une demi-heure c'était fait pour la classe d'Abou. Mais au final, j'étais aussi contente d'avoir une classe qui bouge et à qui j'avais énormément de choses à apprendre puisque la plupart n'avaient finalement rien compris à tous leurs cours d'anglais. Ravie ainsi d'avoir pu leur expliquer en 1/2h de manière simple comment lire l'heure et qu'ils aient tout compris parce que dixit "la prof, quand elle nous avait fait l'heure, elle parlait un peu toute seule". J'attendais énormément d'eux mais eux aussi attendaient énormément de moi. Je n'en ai pas fait des têtes en anglais, loin de là mais j'ai essayé de revoir avec eux ce qu'ils auraient dû savoir, et de comprendre d'où leur venait ce blocage sur l'anglais et de le supprimer. Et surtout... qu'ils arêtent de me demander toutes les 5 mins quand serait la pause ! Mais ça, sans que je leur dise, ils ont rapidement stoppé... ça devait les intéresser finalement.
Je pense qu'ils ont finalement compris... un peu tard, pour le dernier cours, que je savais déjà parler anglais et que j'étais là pour que eux l'apprennent, puisque comme nous l'avions vu le 2ème cours, l'anglais est maintenant indispensable...(et ils s'en rendent compte, participent au débat, sont calmes une heure puis ils veulent sortir, prendre l'air...)
Alors ? Cool le métier de prof ??
Non, n'en doutez pas un seul instant...
L'autre côté de la colo
Rassurez-vous, ce sera plus succinct... J'ai juste à regretter la perfidie de ces jeunes et la méchanceté gratuite. C'est l'âge bien sûr mais quand on les regarde et les écoute, ça fait peur. Heureusement, quand on leur parle en tête à tête et qu'ils écoutent... tout est beaucoup moins noir !
Ainsi, je m'étais mise les filles à dos pour leur avoir gentiment expliqué qu'elles étaient méchantes. Mais non, elles s'entêtaient et disaient qu'elles aimaient être comme ça, que c'était la "liberté d'expression". Un coup de méchanceté gratuite de la part et elles ont compris qu'elles étaient allé trop loin... elles sont venues me voir, on a énormément discuté, ont pleuré dans mes bras et nous étions devenues super copines.
L'adolescence est une période complexe et c'est difficile de parler sans qu'ils prennent tout à cœur. Chaque mot prononcé est pris comme un affront.
Au final, sont à regretter la venue au poing pour des bêtises de la part des gars comme des filles, la tendance à parler très très crûment (surtout aux oreilles d'une fille prude comme moi voyons :P ! Non... sincèrement... ils parlent de sex crû et dégueu et dès le petit déj), et bien sûr... les différents vols qui ont eu lieu, sans aucune dénonciation bien sûr. Un portable et 150€... ça fait beaucoup...
Vous l'aurez compris, encore une très bonne expérience qui m'en aura beaucoup appris !
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