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Sweety all-in-one
26 juillet 2012

Des flappers aux speakeasys

Dimanche dernier, j'ai eu la possibilité de retourner à NYC. En préparant ma journée à la va-vite samedi soir après une pool-party à l'américaine, je suis tombée sur un tour guidé qui a de suite attiré mon attention : New York au temps de la Prohibition. J'avais bien sûr une vague idée de ce qu'était la Prohibition, les années 20, l'alcool déversé dans les rues, les demoiselles dévergondées etc, mais je brûlais d'en savoir plus.

A la base, je souhaitais également suivre un tour de Central Park le matin, mais la Pool Party a eu raison de moi ; je suis restée au lit.
La Pool Party, je ne m'étendrai pas sur ce sujet. C'était sympa, j'ai rencontré d'autres au pairs allemandes ainsi que des américains, heureuse de célebrer l'anniversaire de Isabell mais rien de très spécial si ce n'est la vieille nappe datant de "l'anti-Bush Party".


J'ai donc pris le train en solo en prenant bien soin de mettre mon gilet sur le siège pour ne pas m'arracher les cuisses en me relevant par la suite, j'ai avancé un peu la lecture d'un roman allemand puis j'ai couru en direction du métro et du point de rendez-vous que je connaissais déjà heureusement, ce qui m'a laissé quelques minutes pour m'acheter une salade de fruits à emporter au whole foods.

Etant donné que ce tour est une des nouveautés de Big Onion Tours, il est très populaire et nous avons donc eu deux guides, et deux groupes. J'étais encore une fois entourée d'américains et principalement de personnes vivant autour de New York City, que ce soit du côté Jersey, à NYC même, ou bien aux alentours (Connecticut et Pennsylvania).

Notre guide, qui a étudié l'histoire avec une option histoire juridique, était pleine d'enthusiasme et bien entendu, très cultivée.
J'ai pris plaisir à la suivre durant ces 2 heures. 2 heures pendant lesquelles nous avons traversé la ville d'Est en Ouest, afin de parcourir les trois villages de NYC (East village, Greenwich village et West Village). Tout au long de cette très intéressante balade, nous avons croisé peu de monuments historiques, ce qui veut également dire très peu de photos, la plupart des monuments de cette époque ayant été détruits ou remplacés par des monuments plus récents. Mais soyons honnêtes, je ne faisais pas un tour photographique mais un tour historique. Et sur ce critère là, mission accomplie. Alors, la vie au temps de la Prohibition à New York, qu'est-ce que c'est ? Probablement la même vie qu'au temps de la Prohibition aux Etats-Unis si ce n'est la plus grande concentration de bars illégaux et donc de personnes faisant fonctionner leur méninges afin de trouver toutes sortes de stratèges pour consommer et faire consommer de l'alcool.


Le stratège le plus connu est certainement le "speak-easy". Il était pour tous, sinon pour le gouvernement lui-même, évident que l'alcool n'arrêterait de couler à flots sinon que cela provoquerait l'effet contraire : pousser les américains à la consommation. Bien qu'il ne soit pas très difficile à cette époque de glisser un peu d'argent dans la pogne d'un officier pour le faire taire, les barmaids avaient plus d'un tour dans leur poche, sans dépenser plus d'argent.

Qu'est-ce qu'un speak-easy ? Un speak-easy est un bar inconnu de tous. Cela peut être, frapper à une petite fenêtre, donner un mot de passe et entrer dans une arrière cour ou tout simplement rentrer dans un endroit sans enseigne inconnu des personnes n'étant pas de confiance. On retrouve cette même forme de speak-easy aujourd'hui, non pour contourner une illégalité, mais pour donner un peu de piment à la recherche des cocktails les plus classes de la ville. Un peu comme une chasse aux trésors, on est d'autant plus content de savourer notre butin que l'on a passé quelques heures ou semaines à le chercher.

Le speak-easy a néanmoins commencé avant la Prohibition, en Pennsylvanie, à la fin des années 1800, avec la propriétaire d'un bar qui, ayant perdu pas mal d'argent, n'eut tout d'un coup plus les moyens de payer sa licence.
Par peur de perdre sa clientèle, elle décida tout de même de continuer à servir des boissons alcoolisées en demandant aux consommateurs de rester discret. Dès que la pièce devenait un peu trop bruyante, elle se levait et disait "shhhhh guys, speak easy, speak easy". A savoir, "Chuuuut les gars, surveiller votre langue/doucement, doucement".

Le premier speak-easy était né !

Des stratèges, New York en aura vu bien d'autres, tout comme servir de l'alcool dans des tasses de thé ou bien se procurer une ordonnance chez un médecin afin de pouvoir se procurer de l'alcool en pharmacie.

Fabriquer de l'alcool, ce n'était pas le plus compliqué, un grand politicien d'origine italienne qui vivait à greenwich et dont le nom m'échappe en avait même fait la démonstration publique. Un peu de bière non alcoolisée, du malt et le tour est joué.
Néanmoins, beaucoup se sont tués à tenter de fabriquer leur propre alcool (comme du vin fait maison par exemple).
Sans oublier que, tout comme l'alcool restait rare, illégal, et cher, il fallait veiller à... l'allonger. Et c'est ainsi, mesdames et messieurs, que sont nés les cocktails.

Et comme tous les moyens sont bons lorsqu'il est question de boire, eh bien l'on se faisait curé, rabbin ou autre. Car il était en effet autorisé de consommer de l'alcool à des fins religieux. Oui... on croisait énormément d'hommes souhaitant être curés et rabbins à cette époque...


Puis il y eut également... les jeux de mots. On le sait, la formulation d'une phrase importe énormément sur le sens qu'on lui donne ou qu'on lui trouve.

Ainsi, il était à la base autorisé de boire un peu d'alcool lorsque c'était un verre accompagné d'un repas, pour les établissements de la restauration donc. Mais qu'est-ce qu'un repas ? Ca n'était pas défini, les établissements l'ont donc défini eux-même. Les petits bars se sont mis à proposés des sandwichs. Toute sorte de sandwich. Des sandwichs de brique par exemple. Une tranche de pain, une brique, une tranche de pain. Ou bien un sandwich dans notre assiette afin de pouvoir boire un coup, qui était ensuite passé à notre voisin pour qu'il puisse boire également etc etc.

Imaginatif les américains vous ne trouvez pas ? Au final, après la Prohibition, on répertoriait 1/4 d'établissements de plus (illégaux bien sûr) servant de l'alcool, qu'avant cette période. Quelle belle réussite !

Mais le temps de la Prohibition, ce n'est pas que l'alcool qui coule à flots. C'est également le début de l'émancipation des femmes. Les flappers, garçonnes en français, vous en avez tous vu une, dans un film, sur une affiche ou dans les magazines. Ces jeunes femmes aux tenues "obscènes" qui osaient avoir plus d'un camarade masculin avant le mariage, quelle horreur ! Tenues obscènes, on parle parfois d'une jupe arrivant au mollet. Il n'en fallait pas beaucoup. Mais les flappers désignaient finalement les adolescentes. Avant la Prohibition, il y avait les enfants, puis les femmes. Pendant la Prohibition, il y eut les enfants, les flappers puis les femmes. Après, le terme de flappers sera tout simplement remplacé par adolescente. Flappers ? Les batteuses d'ailes, une image pour les enfants tentant de s'envoler vers l'âge adulte, mais aussi pour leur tendance à papilloner.

DSC_0199

Et comme on garde toujours le meilleur pour la fin, ouvrez grand vos yeux et prenez note : Margaret Sanger.

Il est bien possible que vous ayez entendu parler d'elle. Cette femme est une icone pour nous toutes (et tous). Enfin plus spécifiquement pour les américaines. Margaret Sanger a vu sa mère porter 18 enfants en 22 ans. Cett

e dernière est morte jeune notamment à cause de la fatigue et des blessures laissées par autant de grossesses. Margaret, ayant assisté à ce désastre, et à ceux de biens d'autres femmes de son entourage, affaibles par des avortements illégaux ou de nombreuses grossesses,  décide de se battre pour la contraception ainsi que pour une meilleure éducation sexuelle aux jeunes femmes, ignorant à cette époque tout de ce qui allait leur arriver sous les couvertures maritales. Devenue infirmière, elle distribue des tracts informatifs dans la rue. Elle se fait arrêtée, est ainsi connue du public, elle fuit en Angleterre pour échapper à l'emprisonnement pendant que son mari continue le travail qu'elle a commencé, les charges contre elle sont abandonnées et elle retourne aussitôt dans la rue informer les jeunes femmes. Pour elle, les jeunes femmes ont le droit de choisir quand et si elles souhaitent avoir un enfant. Margaret souhaite également informer sur le danger des avortements "d'allées sombres".

En 1916 elle ouvre la toute première clinique "de contraception" pour femmes aux USA. Les jeunes femmes devaient être escortées vers les portes. Elle tente le tout pour le tout et parvient à se faire acheminer quelques contraceptions venues d'Europe. Plus tard, elle formera "la ligue américaine pour la contraception" qui deviendra par la suite la "fédération internationale du planning familial". Vous voyez, on lui doit beaucoup à ce petit bout de femme. Malgré ses plusieurs arrestations, elle n'a jamais cessé de se battre pour une meilleure éducation sexuelle des femmes.

Les conservateurs de droite la traite de raciste, objectant qu'elle ne souhaitait l'avortement que pour créer une race humaine parfaite et supprimer les handicaps, ce que je trouve abso

 

lument absurde étant donné qu'il n'y avait aucun moyen de determiner si l'enfant porté était porteur de handicap ou non dans les années 20. Pour moi, tout comme les milliers de femmes qui se sont battues à ses côtés, c'est une héroïne.


Le reste de l'après-midi, j'ai visité le musée d'art et design à Colombus Circle. Superbe, éducatif, intéressant et épargné par les foules, il offre également l'unique possibilité de discuter avec un créateur en plein travail, au 6ème étage. Le fameux artiste est différent pour chaque jour de la semaine. Ne manquez pas cette opportunité !

Je sais que je viens déjà de vous écrire une centaine de lignes historiques mais je ne peux m'empêcher de vous écrire quelques mots sur le MAD et une de ses expositions du moment dont "la poussière, les cendres et la saleté dans l'art contemporain et le design". Oui, ça peut sembler un peu décadent, dégoûtant ou encore complètement fou. Je qualifierais cela d'extraordinaire et de renouveau. J'ai pris bon nombre de photos dans ce musée pour me souvenir, et faire quelques recherches sur les artistes. Je ne suis normalement pas attirée par l'art contemporain car j'ai du mal à trouver la signification de l'oeuvre. Mais ici, il ne fallait pas chercher. Tout nous était expliqué. Chaque oeuvre m'a marquée (je pense notamment aux relevés des différents sols de New York City à différentes profondeurs) mais je voulais m'arrêter un peu plus sur ces deux là.

Celle-ci, ci-dessous, parce que dès que je l'ai vu, mon visage s'est éclairé et je me suis dit "noooon ce n'est quand même pas... ?" Mais si, c'était bien ça. A voir la première photo, on imagine t

 

out simplement une couverture en patchwork, mais en s'approchant, on remarque rapidement que le tissus n'est pas du tissus mais... allez, vous le savez, j'attends vos réponses. J'ai été subjuguée parce que je me suis toujours demandée déjà pourquoi est-ce qu'il y avait cela et aussi, je savais qu'on pouvait y trouver une utilisation quelconque si ça n'avait pas été sale.

DSC_0230

 

DSC_0231Pour cette autre oeuvre que je présente ici, c'est tant le travail de l'artiste que le procédé utilisé qui ont retenu mon attention. Si vous cliquez sur l'image, elle apparaîtra en grand et vous pourrez donc admirer le détail de l'oeuvre. Maintenant, dites-vous que ces dessins ont été réalisé par l'intérieur de la bouteille. De la fumée à noirci le verre de l'intérieur, puis l'artiste, à l'aide d'outil, à effacer la fumée qui ne l'intéressait pas afin de créer une oeuvre finale en trace de fumée sur verre... Extraordinaire je trouve. Je vais mettre quelques autres oeuvres dans l'album photo, avec des commentaires. N'hésitez pas à feuilleter !

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Les adresses :


- Margaret Sanger, très courte biographie en français : http://8mars-online.fr/margaret-sanger

- Musée d'Art et Design : http://madmuseum.org/

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Commentaires
S
Et pour couronner le tout, je remarque à l'instant que cet article sur la Prohibition se termine par une photo de bouteilles d'alcool décorées. Si ça ce n'était pas bien calculé :).
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